Pirouettes hypokhâgnesques
Il
y a des fois où l'hypokhâgne ne me gagne pas. Je ne me comprends pas
vraiment, en plus. En janvier dernier, j'étais motivée, enthousiaste et
même un peu rêveuse -si je suis tout à fait honnête- lorsque j'ai
décidé de postuler pour cette filière. D'ailleurs, j'ai réfléchi de
(trop?) nombreuses heures à "comment ordonner mes voeux?" ou encore à
"si j'étais faite pour ça?".
Bien
sûr, je les aie ordonnés et je n'ai pas (encore?) répondu à la deuxième
question. J'avais une liste parfaite sur le papier. Oh oui, j'avais
bien écouté les conseils de mes amies, de mes profs, de mon ex, de mes
parents, de la conseillère d'orientation, de mon compte en banque (ne
rayer aucune mention inutile ). Par conséquent, j'avais mis deux vœux
"de rêve" suivis de deux vœux "chouettes mais plus accessibles" et
enfin deux voeux dit "parachutes" au cas où. Je pensais avoir des
chances à Condorcet ou Lakanal puisque c'étaient mes voeux "accessibles
mais wahou". Le fatum Les
recruteurs en ont décidé autrement. En effet, le deux septembre
prochain, je ferai ma rentrée dans une prépa "de rêve". Le deux
septembre, j'irai à la rencontre d'un monde inconnu : l'hypokhâgne
(accessoirement une des meilleures de France).
Du
coup, depuis je me pose beaucoup, beaucoup, beaucoup de questions parmi
lesquelles il y a l'inévitable : "Vais-je être à la hauteur".
Cependant, il y a aussi les très iques : "Et si je suis dernière?" ,
"Serai-je la seule à avoir eu mention bien au bac?" , "Quel est le
niveau des autres en latin?", "Comment vais-je pouvoir essayer de
réussir en géographie alors que je ne sais même pas reconnaître la
droite de la gauche?", "Et si je ne comprends rien aux livres qu'on
doit lire?"...
Voilà pour les questions portant sur le côté "prépa élitiste" .
Mais mon esprit est aussi rempli d'interrogations portant sur l'hypo en général... Du type : "Est-ce que c'est vraiment de
la folie de faire "option géographie+ latin confirmé [mais sans le
renforcement] + grec débutant [avec le renforcement]+ LVB renforcée"?
J'ai réellement envie de tester, surtout qu'on peut abandonner un truc
avant la Toussaint si on ne s'en sort pas. Ceci dit, j'ai peur de
vouloir trop faire, de ne pas avoir conscience que même en prépa, les
journées ne font que 24h. Et puis, je me demande si je ne prends pas
l'option géo juste pour pouvoir filer en fac d'histoire si j'abandonne
la prépa en cours d'année. Je ne sais même pas si la fac d'histoire
m'intéresserait (N.B.L'option géographie et la fac d'histoire n'est
qu'un exemple parmi d'autres ! Je "raisonne" à l'identique pour TOUTES
les options et TOUTES les facs vers lesquelles j'aurais théoriquement
une "porte de sortie)
Je ne sais rien, à part que je suis une future-hypokhâgneuse.
Je ne sais même pas ce que je veux faire après.
Même pas une vague idée, les amis. Oui, c'est flippant. Je ne sais pas
si j'aime la littérature autant que l'histoire. Si je suis atrocement
nulle en latin et en géographie. Si j'ai une chance de comprendre la
philo. Si l'anglais me fait si peur que ça. Je ne sais rien.
Voilà,
maintenant que je suis prise (et le bac en poche !) je n'ai plus envie
d'aller à l'hypo-bagne (un bagne très privilégié, je vous l'accorde)
même si,je me "sens" presque-hypokhâgneuse. Qui a dit que j'étais
pleine de contradictions?!
J'ai peur de mal faire. J'ai peur de ne pas pouvoir ouvrir la bouche lors de ma première khôlle. J'ai peur d'avoir envie de pleurer tout le temps. J'ai peur de ne pas être heureuse. J'ai peur d'être seule. J'ai peur de la compétition. J'ai peur de ces trois petites lettres : E.N.S. J'ai peur de pas savoir lire. J'ai peur de ne rien comprendre. J'ai peur de ce qu'il y a près du Panthéon. J'ai peur d'avoir peur, parce que je suis incapable de me réjouir en ce moment.
Je hais ce putain de perfectionnisme à la con.
Et puis en plus je n'avance pas dans ma bibliographie. Et là, en plus d'avoir peur, j'ai honte
Quelqu'un dans le même cas que moi?